Daniel Bovero

 

Objets Photographiques

Je ne suis pas verrier. Pour moi, le verre n’est pas un matériau mais un support.
J’utilise le verre de vitre comme si c’était le papier, en feuilles que je superpose afin de troubler sa transparence.
Je ne sculpte pas, je ne souffle pas, je ne tords pas le verre ; je l’emploie comme il m’est offert dans sa puissance paradoxale. Car on est dans le paradoxe avec lui ; ça rend la gageure plus attrayante. Sans me priver de la sensation de fragilité, je m’efforce de faire oublier sa densité en donnant l’illusion qu’il ne fait pas le poids.
Il ne s’agit ni de sculptures, ni de tableaux, mais d’objets photographiques.
Dans mon travail, photo et verre sont intimement liés. La matière est exclue, mais pas la représentation.
La photographie c’est le Sujet. Le sujet dans mon travail, c’est la Peinture, la mémoire de la Peinture, le regret de la Peinture, le transit d’hommage permanent que je lui rends.
Disons cela. Des bornes sur ma route ; les nostalgies et les abandons qui la jalonnent -souvenirs de voyages, presque d’enfance avec l’idée mêlée de la peinture - de la spectaculaire peinture et de son sens perdu : miroirs qui vous volent aussitôt les images offertes - inaccessibles images que le feuilletage du verre rend équivoques.
C’est ainsi qu’il faut lire ces objets ; comme des désirs et des renoncements dans un monde où l’illusion triomphe, où la seule façon de vaincre est de créer un leurre supplémentaire.


Il y a deux choses : le verre et la photographie.

Le verre est un support idéal et non conventionnel pour l’image. Dans le travail de Daniel Bovero, la photographie occupe la place que pourrait tenir la peinture.
Cependant, il ne s’agit ni de peintures ni de sculptures, mais disons le, d’objets photographiques et d’un travail d’Hommages tantôt rendus à l’histoire de l’Art, tantôt à celle de la Photographie.
Les Orotones par exemple, sortes de pièges de lumière, sont comme les petits verres dorés que les Romains laissaient en offrande dans les tombes. Ils relèvent d’un procédé peu utilisé au XIXe et leur façon d’irradier mystérieusement, en fait le versant solaire du daguerréotype.
En retranscrivant en postures du corps humain, le vocabulaire du télégraphe de Chappe – ces signaux articulés qui en leur temps, transmettaient des messages à distance, Daniel Bovero rend hommage aux ethnographes du corps qu’étaient les Albert Londe, Etienne Jules Marey, Eadweard Muybridge – dont les travaux sur le mouvement et le déplacement d’un personnage, révèlent l’intuition du cinéma.
À la fois fragile et puissant, transparent et opaque, le verre lui permet  l’ambiguïté  des apparences.

Mai 2005


Daniel Bovero

Marseille1950

Parcours / extraits

Expositions de groupe

Galerie Mouvances, Paris 1992
Art Jonction, Cannes, Galerie Slotine 1993
Horizon Jeunesse, Grand Palais, Paris 1994
Salon de Strasbourg, Galerie Slotine 2003
Le Volcan – Maison de la Culture du Havre, « pièces détachées» 2003 / 2004
Musée de l’Outil – Troyes « la Puissance du Verre » 2004

Expositions personnelles

Galerie Slotine, Le Havre 1992
Hôtel de Ville, Le Havre 1992
Galerie Mouvances, Paris 1992
Galerie Mouvances, Paris Automne 2004

Commandes Publiques

Un Bus dans la ville, le Havre 2000
Musée André Malraux – Colloque sur « le temps » 2000